Après être sorti de garde à vue, le milliardaire Vincent Bolloré a été mis en examen le 25 avril. Le PDG du groupe Bolloré est soupçonné de corruption dans le cadre de ses activités en Afrique. La justice française se penche sur les conditions d’obtention de plusieurs concessions portuaires en Guinée et au Togo.
Le milliardaire breton et les trois autres responsables étaient auditionnés depuis le mardi 24 avril matin à Nanterre (Hauts-de-Seine) par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).
La justice soupçonne des dirigeants du groupe Bolloré d’avoir utilisé le groupe de communication Havas, alors filiale du groupe, pour faciliter l’accession au pouvoir de dirigeants africains et obtenir en contrepartie des concessions portuaires.
Les juges s’intéressent en particulier aux conditions de reprise par le groupe Bolloré de la concession du port de Conakry, en Guinée, et de la gestion d’un terminal de conteneurs du port de Lomé, au Togo.
Le groupe Bolloré conteste la mise en examen de son PDG
Dans un communiqué, le groupe Bolloré a nié le mardi 24 avril toute irrégularité. Une position réitérée le mercredi 25 avril après la mise en examen de Vincent Bolloré, dans un autre communiqué.
« Pour une affaire remontant à près de 10 ans sur des liens supposés entre des campagnes électorales menées par Euro RSCG au Togo et en Guinée, pour quelques centaines de milliers d’euros, et des concessions portuaires lancées et obtenues dans ces pays pour des centaines de millions d’euros, pourtant neuf ans avant les élections au Togo et un an avant l’élection en Guinée, M. Vincent Bolloré a été mis en examen par le juge [Serge] Tournaire », lit-on dans ce court texte.
« M. Vincent Bolloré, qui reste présumé innocent, pourra avoir enfin accès à ce dossier dont il n’a jamais eu connaissance et répondre à ces accusations infondées », ajoute le groupe dans ce communiqué.
Un rôle de premier plan dans le transport et la logistique en Afrique
Un porte-parole du gouvernement guinéen a de son côté assuré le mardi 24 avril que la concession accordée au groupe Bolloré pour le port de Conakry était strictement conforme à la loi.
L’enquête, qui fait suite à une plainte déposée par un ancien collaborateur du groupe, porte sur des faits qui remontent à 2009 et 2010.
Une perquisition a été menée en avril 2016 au siège du groupe Bolloré à Puteaux (Hauts-de-Seine) dans le cadre de cette enquête. Des perquisitions ont également été conduites en 2014 et 2015 chez Havas, racheté depuis par Vivendi.
Le groupe contrôlé par la famille Bolloré joue un rôle de premier plan en Afrique où il est présent dans 46 pays, exploite 16 terminaux à conteneurs ainsi que trois concessions ferroviaires et emploie 25.000 personnes.
Moins médiatisé que d’autres activités de l’empire Bolloré comme les médias et ses 20% dans Vivendi ou les batteries électriques, la division transport et logistique a dégagé un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros sur le continent africain l’an dernier. Reuters
AlloAfricaNews