Le président guinéen, Pr Alpha Condé a reçu mardi, 19 avril 2016, à Sèkhoutouréya, l’envoyée spéciale du secrétaire général des Nations Unies (NU), Mme Djénab Hawa Bangoura chargée des Violences à caractère sexuel, des Droits et de Justice, selon un communiqué de la présidence reçu par AlloConakry.
Mme Bangoura était venue s’enquérir de l’évolution des enquêtes concernant les événements tragiques du 28 septembre 2009, au cours desquels plus de 100 guinéens ont été tués.
Lors de l’audience, le président Condé a rassuré l’envoyée spéciale de l’Onu, de l’engagement du gouvernement pour que la justice soit faite sur ce dossier.
A l’issue des entretiens avec le chef de l’Etat, Mme Djénab Hawa Bangoura a déclaré:
«Je suis venue d’abord pour féliciter le président de la République pour tous les efforts qu’il fait pour faire avancer le dossier sur les événements du 28 septembre 2009. Cela avance très bien. On est venu pour reconnaitre cela. Et aussi pour connaitre les supports additionnels dont le gouvernement a besoin. C’est un soutien que nous allons mobiliser au niveau de la communauté internationale pour essayer d’avancer dans ce procès. Et de cette manière, à un certain moment, on va être capable de commencer avec le procès», a martelé l’émissaire onusien.
Avant sa rencontre avec le chef de l’Etat, Mme Bangoura avait eu une séance de travail avec le ministre de la Justice Me Cheick Sako. Celui-ci a dit avoir réitéré la demande que le président de la République avait faite déjà auprès du secrétaire général de l’Onu, concernant l’aide à la chaine pénale sollicitée.
« Dans cette aide, il y a effectivement une partie qui va concerner l’organisation de ce procès», a rassuré le Garde des Seaux.
Le 28 septembre 2009, des milliers de sympathisants de l’opposition s’étaient rassemblés dans le stade du même nom à Conakry pour demander le départ des militaires au pouvoir et l’organisation d’élections libres et transparentes, devant consacrer le retour de la Guinée à l’ordre constitutionnel.
Au cours de cette manifestation pacifique, les forces de sécurité fidèles à l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara ouvrirent le feu sur les manifestants, tuant quelque 160 personnes, selon des organisations de l’homme. Des centaines d’autres furent bléssés, et de nombreuses femmes furent violées. Ces incidents constituent le pire massacre jamais pérpétré contre des Guinéens dans leur propre pays.
La communauté internationale, en solidarité avec le peuple de Guinée, condamna à l’unanimité ces actes de violence et ouvra, par une commission spéciale des Nations-Unies, des enquêtes en vue d’identifier, juger et punir les auteurs.
La justice guinéenne qui, -depuis cherche à restaurer son rôle d’institution républicaine-, s’est également intéressée aux enquêtes.
Aprês plusieurs mois d’investigations, celle-ci a rendu public son premier résultat avec plusieurs inculpations dont celles du Général Mathurin Bangoura et le Lieutenant-Colonel Moussa Tiégboro Camara pour leur rôle dans le massacre.
Tiégboro Camara fut ministre sous l’ex-chef de la junte militaire Moussa Dadis et il avait été mis en cause par le rapport de la commission d’enquête de l’ONU comme étant l’un des principaux responsables du massacre du 28 septembre 2009 à Conakry.
Paradoxalement, le Général Mathurin et Moussa Tiégboro occupent actuellement de hautes fonctions en Guinée. Le premier est gouverneur de la ville de Conakry, et le second est directeur de l’Agence nationale chargée de la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et le terrorisme, dans un gouvernement pourtant issu des urnes. Alsény Ben Bangoura
AlloConakry.