L’ex ministre guinéenne des Affaires sociales Madame Jeanne Martin Cissé a exhorté vendredi la communauté guinéenne des Etats-Unis à poursuivre l’élan de solidarité qu’elle s’est imprimé et à tourner le régard vers la mère patrie.
« Le poumon du développement de la Guinée -c’est d’abord ses fils et ses filles et la diaspora que vous représentez en est une part importante », a souligné Madame Jeanne Martin Cisssé qui a par ailleurs invité les Guinéens à rester solidaire les uns envers les autres et à soutenir les efforts de l’ambassadeur Blaise Cherif qu’elle considère comme un diplomate exemplaire.
”Comme vous le savez, il ya longtemps que je vis par là. Et pendant ce temps, il ya eu plusieurs ambassadeurs qui se sont succédés. Aujourd’hui, je dois dire que je suis fière de constater des changements positifs dans la communauté guinéenne et je salue en cela la contribution de M. Blaise Cherif qui fait de l’unité et du progrès de ses compatriotes une priorité de sa mission”, a affirmé la sexagénaire “Tantie Jeanne”, drapée dans un boubou blanc immaculé.
L’ancienne représentante de la Guinée aux Nations-unies qui avait été forcée à quitter le pays au lendemain du coup d’état militaire de 1984, s’exprimait lors d’un cocktail organisé en son honneur par la mission diplomatique guinéenne à Washington, alors qu’elle s’aprêtait à regagner sa Guinée natale pour y passer le reste de sa vie avec les siens.
La cérémonie a eu pour cadre la résidence de l’ambassadeur de Guinée, située au nord ouest de la capitale fédérale, en présence des représentants de la communauté, des proches, amis et connaissances. C’était une cérémonie simple mais émouvante, ponctuée de musique, de danse et d’éloges. Histoire de dire au revoir « Tantie Jeanne », une figure amblématique de la politique guinéenne de son temps.
Parmi les intervenants de la soirée, figuraient notamment Dr. Maryne Séphocle, présidante de “The Women Ambassadors Foundation”, une organisation basée à Washington qui affirme que Madame Jeanne Martin Cissé « est une inspiration pour elle et les futures générations », à cause de son combat historique pour les droits des femmes.
En lui décernant un certificat de reconnaissance de son BE, M. Mahmoud Diané, président de la communauté guinéenne de Washington, a loué les qualités humainess et intélectuelles de l’ex-ministre dont le départ pour le pays laissait pour lui « un vide difficile à combler. »
Pour sa part, Madame Doussou Condé, une militante des droits de l’homme, Jeanne Martin Cissé est simplement « un monument. »
Avant la conclusion de la cérémonie et pour mieux cristaliser la personnalité de l’ex-ministre guinéenne, l’ambassadeur Blaise Cherif s’est, quant à lui, contenté de paraphraser l’ancien président du Sénégal M. Abdou Diouf qui a préfacé “La flle du Milo”, un ouvrage de Madame Jeanne Martin Cissé publié en 2010. Celui-ci considère l’auteur comme la “Simone de Beauvoir” de l’Afrique.
“Figure de proue du mouvement de lutte pour l’émancipation de la femme africaine, Jeanne Martin Cissé a été pour l’Afrique ce que Simone de Beauvoir a été pour la France et plus généralement pour l’Europe et bien au délà. Jeanne Martin Cissé a incontestablement mérité de l’Afrique dont elle fut et demeure l’une des plus grandes Consciences. Cette femme de haut rang et qui m’honore de son amitié a toujours constitué pour moi, même au plus difficiles moments de tensions politiques en Afrique, une référence, une boussole.”
Madame Jeanne Martin Cissé est née le 6 avril 1926 à Kankan, dans la savane guinéenne. Ancienne élève de l’école normale de Rufisque, elle débuta sa carrière comme enseignante, avant de s’engager dans une vie de militante et de « patriote engagée » pour la paix et la solidarité entre les peuples. Un rôle qui lui valu un parcours exceptionnel.
Ancienne Secrétaire générale de l’Union révolutionnaire des femmes de Guinée, (UFRG), première dirigeante de l’Organisation panafricaine des femmes, Ambassadeur à l’Onu et ministre des Affaires sociales de 1976 à 1984, Jeanne Martin Cissé s’affirme également comme la première femme à avoir présidé le Conseil de Sécurité des Nations-unies en 1972.
Elle est récipiendaire de nombreux prix internationaux dont celui décerné par les Nations-unies en 1982, à l’occasion du 20è anniversaire de la résolution de l’Onu imposant des sanctions contre l’apartheid. Un prix qu’elle avait partagé avec plusieurs hautes personnalités du monde parmi lesquelles l’ancien président Houari Boumedienne d’Algérie et Martin Luther King Junior, apôtre de la non-violence et héro américain du mouvement pour les droits civiques.
Dans « La fille du Milo », Jeanne Martin invite les femmes à rejeter le « misérabilisme » et à « maintenir les valeurs culturelles africaines, afin qu’on puisse retrouver notre dignité ». Pour cette militante, « l’émergence de l’Afrique repose entre les mains des femmes. » Alsény Ben Bagoura
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