Il a prêté serment jeudi au Palais de la Nation à Kinshasa devant le président kényan, Uhuru Kenyatta, les membres du corps diplomatique, de l’armée, des magistrats et de quelques congolais privilégiés qui ont eu accès au palais.
17 Chefs d’Etat avaient été invités selon le ministère congolais des affaires étrangères.
Parmi les invités se trouvaient le président de Commission électorale Corneille Nangaa, Vital Kamerhe, l’allié de Félix Tshisekedi ou encore Emmanuel Shadary, candidat malheureux du FCC (majorité présidentielle).
C’est la première fois depuis l’indépendance de la République démocratique du Congo – autrefois Zaïre sous le règne de Mobutu Sese Seko – qu’une passation du pouvoir politique se fait entre les présidents sortant et entrant.
Lors d’une dernière allocution, Joseph Kabila a appelé mercredi à « soutenir massivement » le nouveau président.
Félix Tshisekedi vient occuper le fauteuil laissé par Joseph Kabila après 18 ans. M. Kabila a succédé à son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné.
Kabila père avait renversé en 1997 le maréchal Mobutu, qui avait lui-même renversé en 1965 le président Joseph Kasa-Vubu.
Bien qu’il soit président, Félix Tshisekedi devra cohabiter avec Joseph Kabila dont le parti politique contrôle l’Assemblée nationale. Les deux camps devront trouver un accord de gestion du pouvoir.
L’autre candidat de l’opposition, Martin Fayulu, dénonce un « putsch électoral » orchestré par les camps Kabila et Tshisekedi et se proclame seul président légitime.
Au moins 2.000 partisans du nouveau président se sont rassemblés devant le palais de la Nation pour célébrer l’opposant qui est arrivé à la magistrature suprême là où son père n’a pu porter l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de son vivant.
Dans les rues de Kinshasa, les congolais se sont attroupés devant les écrans pour suivre la cérémonie retransmise en direct par le diffuseur national de la RDC.
Qui va rester au palais de la Nation? Le président sortant doit se retirer dans son bureau avec son épouse, tandis que le nouveau président et la première dame vont aller dans la salle VIP, avant un « entretien en tête à tête » et la « fin de la cérémonie ».
« Partage du pouvoir »
Le symbole du siège de la présidence est l’une des multiples questions qui se posent.
Façonnées par Kabila, l’armée et les forces de sécurité vont devoir faire preuve de fidélité républicaine envers le nouveau président.
Largement favorable au président Kabila (337 sièges sur 500), l’Assemblée nationale va faire sa rentrée lundi, près d’un mois après les élections du 30 décembre.
C’est parmi cette majorité que Félix Tshisekedi va devoir choisir un Premier ministre. Les noms du directeur de cabinet du président Kabila, Néhémie Mwilanya Wilondja, et du grand patron congolais Albert Yuma circulent dans la presse congolaise, entre autres spéculations.
Dans un message d’au revoir mercredi soir, le président Kabila a encouragé les « leaders politiques » à privilégier une « coalition » plutôt que la « cohabitation ».
Les pro-Tshisekedi et les pro-Kabila ont signé un « accord de coalition politique » et de « partage du pouvoir », selon un document que l’AFP s’est procuré.
L’accord prévoit que les ministères régaliens (Affaires étrangères, Défense, Intérieur) doivent « comme cela est de doctrine certaine, revenir à la famille politique du président élu ».
Des proches de M. Fayulu ont déjà rejeté toute participation à un gouvernement d’unité nationale. « L’État de droit ne signifie pas arrangement, combine et combinaison pour gérer le pouvoir. Ce qui est mal conçu, ce qui est mal préparé va continuer négativement », a déclaré l’une de ses alliée, Eve Bazaiba.
Le nouveau gouvernement va prendre la direction d’un pays riche en minerais, mais dont les deux tiers des 80 millions d’habitants survivent avec moins de deux dollars par jour.
La nouvelle équipe va subir de plein fouet la chute des cours du cobalt, qui ont chuté en quelques mois de 100.000 à 35.000 dollars la tonne.Cette baisse brutale devrait être un coup dur pour l’État, qui misait beaucoup sur une réforme du code minier relevant la taxation des producteurs de cobalt. La RDC en est le premier exportateur mondial. AFP
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