Créditant les lecteurs de Causeur d’une capacité mémorielle bien supérieure à celle des poissons rouges, je me garderais d’être aussi péremptoire que Bernard-Henri Lévy assénant dans Le Point sa certitude de la victoire de Barack Obama, le 6 novembre prochain.

 

Les prévisions sont hasardeuses, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir… Mais si on me brûlait la plante des pieds pour m’extorquer un pronostic sur l’issue de la présidentielle américaine, je finirais par lâcher, d’une voix faible et mal assurée : « M…itt…R…oooomney… ».

 

Pourquoi ? Parce qu’une campagne se juge à sa dynamique, et non pas sur la seule analyse des sondages.

 

Et cela d’autant plus que ces enquêtes d’opinion, dans les « swing states »1 notamment, ne permettent pas de désigner le futur vainqueur dans chacun de ces Etats clés de manière fiable, car l’écart entre les candidats est si faible qu’il se situe dans la marge d’erreur reconnue par les instituts de sondages.

 

En revanche, la dynamique d’une campagne de cette ampleur peut s’observer, même de loin, dans les mouvements d’opinion perceptibles dans l’évolution des intentions de vote sur les deux derniers mois, et en lisant les éditorialistes de tous bords.

 

Au sortir de l’été, l’affaire semblait pliée. Mitt Romney ne faisait pas la maille : trop gaffeur, trop riche, trop mormon, trop à droite, trop plombé par le Tea Party, trop…
Les « swing states » sont les Etats qui risquent de basculer d’un côté ou d’un autre, et dont la conquête des grands électeurs est indispensable pour gagner l’élection. Les plus convoités sont aujourd’hui la Floride, l’Ohio et l’Iowa. ↩
Par Luc Rosenzweig