Interpellé et scandalisé par l’avancée rapide du virus d’Ebola, j’ai pris part à des initiatives de jeunes professionnels africains, dans le but d’attirer l’attention des canadiens sur le mal qui ravageait ma chère Guinée. J’ai même pris part à des entrevues radiophoniques et télévisuelles, des marches et soirée bénéfice pour la cause. Au final, j’ai déchanté. Sans perdre confiance en l’humanité perdue dans l’humain, j’ai tiré quelques conclusions d’observation.
J’ai amèrement découvert que l’Afrique était l’objet de convoitise pour cause de ses matières premières, ses animaux exotiques. Quant aux humains de ce continent, eh bien tout simplement encombrant, inutiles, bons pour Ebola, les maladies tropicales, les guerres civiles et l’auto-extermination.
Le tollé mondial qu’à entraîné la mort du lion Cecil vient corroborer cette constatation. Le monde entier s’est insurgé contre la mort d’un lion africain. Le même monde semble s’être inquiété de la possibilité d’être exposé à ce virus tueur venu d’Afrique.
Aussi longtemps qu’ Ebola restait une maladie africaine, sans franchir les frontières du continent, on pouvait en parler juste avant la météo des grands médias du monde.
L’Afrique ne peut et ne doit pas indéfiniment indexer le reste de la planète lorsqu’elle est elle même incapable de faire face à ses propres défis de survie, de santé, et bien être.
Ebola a été un violent rappel de l’échec des programmes sanitaires des gouvernements successifs de la Guinée. Plus de 50 ans après l’indépendance, tendre la main à la France pour confirmer un virus et une épidémie suscite une légitime indignation.
Je n’ai pas la naïveté de croire que la solution à tous les maux incombe au gouvernement à lui seul. Ce serait un profond leurre. La classe politique guinéenne, toutes mouvances confondues ainsi que le monde des affaires, ont pour responsabilité de contribuer à l’édification d’une société développée.
C’est d’ailleurs la marque des société développées, où, l’industrie pharmaceutique appartient au privé. Nombre de cliniques de recherche médicale appartiennent au privé. L’Afrique doit impérativement s’inspirer de la formule et des recettes gagnantes des autres pays.
Voilà pourquoi, je prenais mes distances de ceux qui applaudissent un homme d’affaires qui engloutit des millions de dollars dans la construction d’un lieu de culte dans un pays en proie à de nombreuses maladies tropicales dont Ebola, plutôt que de l’injecter dans l’économie du pays.
Je refuse d’applaudir ces politiciens guinéens et africains qui vont en Europe pour un bilan de santé, une cataracte, une égratignure. Il est grand temps pour l’Afrique de tirer profit du modèle asiatique pour un développement rapide en misant sur l’épargne publique, et l’investissement étranger plutôt que de mettre tous ses oeufs dans le seul panier de la dette et des dons synonyme de dépendance, de vie de gueux ou de sans dent, pour ainsi emprunter l’expression de François Hollande. Wake up Africa.
Goikoya Kolié est un collaborateur extérieur à AlloConakry
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