Mahmoud Thiam est derrière les barreaux aux Etats-Unis. L’ancien ministre des Mines et de l’Energie (2009-2010), a été arrêté mardi à sa résidence de Manhattan (New York) pour corruption dans le cadre d’un gros investissement chinois en Guinée pendant son mandat, rapporte la presse américaine. L’homme de 50 ans est accusé d’avoir encaissé 8,5 millions de dollars pour faciliter l’investissement d’un conglomérat chinois en Guinée, incluant un certain contrôle du secteur minier local.

 

Tout aurait commencé pendant l’été 2009, quelques mois seulement après sa prise de fonction. Selon une plainte pénale déposée auprès des autorités américaines, l’ancien ministre se serait rendu à Hong Kong au mois de septembre, un séjour durant lequel il aurait procédé à l’ouverture d’un compte personnel sur lequel il reçoit, le 25 du même mois, une somme initiale de 3 millions de dollars déposé par un directeur du conglomérait désirant investir en Guinée.

 

Africa Development Coorporation: 85% chinoise, 15% guinéenne

 

Les deux parties conviennent de la création d’une nouvelle société, Africa Development Coorporation, dans laquelle la convention d’actionnaires finalisée en octobre 2009, donne le groupe chinois comme actionnaire majoritaire avec 85% des parts et les 15% restants pour l’Etat guinéen. Le dossier de police fait également état de deux autres versements distincts de trois et deux millions de dollars reçus en 2010 par l’ancien ministre sur son compte bancaire hong-kongais, indique la même source sans préciser à quelle date il a reçu les 500 000 dollars restants.

 

Selon les autorités américaines, Mahmoud Thiam aurait réussi à transférer cet argent aux Etats-Unis via ses comptes bancaires américains, en fournissant de fausses informations aux établissements locaux. Il aurait utilisé cet argent pour payer sa propriété de Manhattan à 3,7 millions de dollars, payé les études de ses enfants dans des écoles privées, acheté un piano à 46 375 dollars, en plus d’enveloppes remises à des officiels africains.

Banquier de formation, Mahmoud Thiam se retrouve ainsi au cœur d’un nouveau scandale qu’on ne lui aurait pas imaginé il y a plus de sept ans alors que les rennes du département des mines, un secteur stratégique pour la Guinée lui étaient confiées.

 

«La Guinée est ouverte pour les affaires et je vous invite à participer dès maintenant à la plus belle aventure industrielle et commerciale qu’il nous sera donnée de vivre pour les décades à venir. […] Mon ambition est de faire de la Guinée un pays exportateur d’électricité», déclarait-il solennellement lors de sa prise de fonction le 22 janvier 2009.

 

Depuis qu’il a quitté le gouvernement, il est très peu apparu dans les médias. L’une de ses dernières interviews accordées à la presse guinéenne date de mai 2014 à Paris où il s’était rendu pour des «rendez-vous d’affaires et [était] en transit pour l’Asie».

 

Après sa comparution mardi au tribunal, son avocat n’a pas souhaité faire de commentaires. Mais si les faits sont avérés, l’ancien ministre risque la prison ferme.

 

Mahmoud Thiam a été détenu sans caution après que les procureurs aient dit à un juge qu’il cachait des biens à l’étranger et pouvaient utiliser des contacts à l’étranger pour fuir facilement.

 

Le procureur adjoint des États-Unis, Elisha Kobre, a déclaré que Thiam n’avait rapporté que 30 000 dollars d’actifs malgré un salaire annuel de 1,2 million de dollars. Il a dit que Thiam a menti à plusieurs reprises aux banques et à l’Internal Revenue Service.

 

Une plainte au tribunal fédéral de Manhattan a accusé Thiam, un citoyen des États-Unis, de céder la majeure partie des ressources de la Guinée pour l’extraction du minerai de fer, de l’or, des diamants et des matières premières pour l’aluminium à un conglomérat chinois de 2009 à 2011 en contrepartie de 8,5 millions de pots-de-vin. Le procureur général adjoint Leslie R. Caldwell a déclaré que Thiam avait été accusé de « s’être enrichi aux dépens du peuple de la République de Guinée ».

 

Ce nouveau scandale qui éclate quelques semaines seulement après celui du conglomérat anglo-australien Rio Tinto, montre encore à quel point les mines guinéennes sont convoitées. Avec La Africa Tribune

 

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