L’ex chef de la junte militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara qui a saisi le pouvoir à Conakry au lendemain de la mort du général Lansana Conté et s’est autoproclamé président de la Guinée pendant près d’un an, a été officiellement inculpé ce mercredi 8 juillet à Ouagadougou par un pool de magistrats chargés d’enquêter sur le massacre du 28 septembre 2009, a t-on appris de source proche de la justice guinéenne.
Cette inculpation signifie que le capitaine Dadis Camara, refugié au Burkina Fasso depuis 2010 suite à une tentative d’assassinat contre lui, sera éventuellement entendu par la justice du pays pour son rôle dans le massacre du 28 septembre considéré comme le pire crime jamais pérpétré contre des Guinéens dans leur propre pays. Elle signifie aussi que l’ex-chef de la junte, qui a récemment annoncé son intention de briguer la présidentielle d’octobre, ne sera probablement pas éligible.
Le 28 septembre 2009, des milliers de sympathisants de l’opposition s’étaient rassemblés dans le stade du même nom à Conakry pour demander le départ des militaires au pouvoir et l’organisation d’élections libres et transparentes, devant consacrer le retour de la Guinée à l’ordre constitutionnel.
Au cours de cette manifestation pacifique, les forces de sécurité fidèles à Dadis ouvrirent le feu sur les manifestants, tuant quelque 160 personnes.Des centaines d’autres furent bléssés, et de nombreuses femmes furent violées.
La communauté internationale, en solidarité avec le peuple de Guinée, condamna à l’unanimité ces actes de violence et ouvra, par une commission spéciale des Nations-Unies, des enquêtes en vue d’identifier, juger et punir les auteurs.
La justice guinéenne qui, -depuis cherche à restaurer son rôle d’institution républicaine-, s’est également intéressée aux enquêtes et a déjà inculpé plusieurs officiers de l’armée dont notamment Moussa Tiégboro Camara.
Paradoxallement, celui-ci est actuellement directeur de l’Agence nationale chargée de la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et le terrorisme, avec rang de ministre dans un gouvernement pourtant issu des urnes.
Quoi qu’il en soit, les observateurs estiment que l’inculpation de Dadis et ses comparses représente pour les victimes, leurs familles et toutes les bonnes consciences un pas en avant dans la bonne direction. AlloConakry