Pottal-Fii-Bhantal Dans une lettre ouverte à la nouvelle Assemblée nationale de Guinée transmise à AlloConakry, le Pottal-Fi-Bhatal, une organisation internationale de ressortissants du Fouta-Djallon, déplore la dégradation de la situation socio-économique du pays et invite la législature guinéenne à prendre des mesures urgentes contre certains cadres de l’Etat qu’elle accuse d’être impliqués dans le trafic d’armes et de drogue.

 

Parmi ces cadres figure en première ligne le ministre d’Etat chargé des Affaires Etrangères et des Guinéens de l’étranger M. François Fall.

 

 

Voici la teneur de la lettre ainsi libellée.

 

 

 

Honorables députés,

 

Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon est une organisation internationale de ressortissants du Fouta-Djallon  dont le but est la mise en place de politiques effectives de développement basées sur les potentialités locales de notre pays. L’établissement d’un état de droit en Guinée et l’éradication de l’impunité chronique sont les conditions de ce développement autocentré ainsi que de toute démocratie. Depuis plus de 7 ans Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon mène un combat dans ce sens. A cet égard, nous avons établi le programme JUSTICE IN GUINEA dans le but de soutenir les victimes de la violence politique dans notre pays et traduire en justice des présumés coupables de crimes contre l’humanité à l’égard des citoyens guinéens.

 

La mise en place de l’assemblée nationale s’est faite au prix de sacrifices énormes dont  de vie d’innocents citoyens. Il est impératif que les représentants du peuple  fassent du soutien aux  familles des victimes leur priorité majeure, en leur donnant les moyens de mener des poursuites judiciaires contre les présumés responsables des crimes contre les leurs.  Cet impératif est plus que  moral. Il représente la raison d’être de l’organe législatif et de contrôle qui est celui de toute assemblée nationale. Il est aussi une condition sine qua non pour que la Guinée  sorte de l’ornière  de la répression politique qui est à la base des divisions sociales.

 

Notre organisation vient par la présente lettre réitérer notre volonté de travailler avec les parlementaires soucieux de l’éradication de l’impunité. Sans un effort conscient et coordonné à cet effet, notre pays sera condamné à la misère économique et à la faillite politique.

 

A la faveur de l’impunité chronique, la  Guinée a acquis  aujourd’hui  la distinction honteuse d’être la plaque tournante du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest.  Cette situation qui résulte de la complaisance que le gouvernement en place a entretenue depuis 3 ans avec des trafiquants présumés ou reconnus de drogue, doit être  une  préoccupation  majeure de la commission juridique de l’assemblée nationale.

 

Depuis son accession au pouvoir Mr. Alpha Condé a démontré un mépris superbe des victimes et une complaisance coupable envers les criminels. Le régime a adroitement affaibli le mouvement civil afin de prévenir une démarche cohérente de combat contre l’impunité. Le gouvernement a décidé que le prix de la réélection du président est une complicité et une collusion ouvertes avec des éléments de l’appareil militaire impliqués dans le trafic d’armes et de drogue. On note avec  regret que tous les barons de la drogue sous le régime précèdent, ont repris du service dans l’appareil judiciaire et dans les rangs des forces de  sécurité et sont soupçonnés de continuer leurs activités illicites.  Parmi les fonctionnaires et hommes d’affaires qui ont été accusés ou sont soupçonnés de trafic de stupéfiants et qui jouissent de la protection de l’administration on peut citer:

 

  • Mr. François Fall (Ministre d’état qui fut emprisonné en Espagne pour trafic de drogue en 1994)
  • William Fernandez (Procureur de la république)
  • Bo Keita (Ambassadeur de la Guinée au Sénégal)
  • Victor Traoré (Commissaire de Police. Ancien représentant d’Interpol en Guinée)
  • Claude Pivi– (Membre du cabinet ministériel en charge de la sécurité de Mr. Alpha Condé. Mr. Pivi est soupçonné  d’être impliqué dans les tueries de 2007 et  a été aussi inculpé  pour les massacres de 2009. En outre Mr. Pivi est responsable d’une attaque en plein jour contre un commissariat de police en 2008 pour s’emparer de lots de drogues qui avait été saisis par les forces de sécurité. Plusieurs dizaines de policiers perdirent la vie lors de cette attaque)
  • ·         Moussa Traoré. Mr. Traoré (Accusé d’être le baron de la drogue en Guinée. De retour en Guinée, il  continue ses activités avec une protection à un haut niveau de l’appareil étatique)

 

  • La gangrène de la drogue dans un pays durement éprouvé par plus de 5 décennies de répression ne va qu’accentuer la décomposition sociale. L’assemblée guinéenne se doit de jouer son rôle en vue de sauver la nation d’une banqueroute organisée. Cette banqueroute n’est pas une fatalité si les élus du peuple décident d’être la voix des forces sociales dont ils sont l’émanation et non le relais des volontés du pouvoir exécutif.

 

  • Nous attendons des parlementaires qu’ils interpellent  le ministre de la sécurité sur les programmes de lutte contre la drogue et les réponses du gouvernement aux reportages sur la Guinée comme plaque tournante du trafic de drogue ; notamment la coordination des  activités avec les organisations de l’ONU en charge de lutter contre le trafic de stupéfiants en Afrique. L’assemblée doit exiger la  radiation des rangs des forces de sécurité et de l’administration de tous les  complices présumés de trafic de drogues. L’assemblée doit initier des enquêtes sérieuses sur leurs activités, notamment avec l’appui de la commission ad-hoc de  l’ONU.

 

  • Quant au ministre de la justice, il doit fournir aux législateurs un état d’avancement des enquêtes sur les assassinats du 28 Septembre 2009, les tueries de Zogota, les multiples assassinats de citoyens depuis 2010.

 

  • Sans des mesures proactives, la Guinée n’attirera aucun investissement à la hauteur de ses potentialités. Elle restera un état paria, otage des narcotrafiquants internationaux.  Notre association tient à la disposition des parlementaires un programme détaillé de lutte contre l’impunité et de son corollaire, l’économie délinquante de la drogue. Entre autres, nous  suggérons la tenue d’une  conférence internationale sur l’impunité à Conakry durant l’année 2014. Ceci serait une occasion pour  mettre en exergue l’impact de  l’impunité sur l’avenir de la Guinée ainsi que des mesures d’éradication, avec l’aide des organisations internationales de bonne gouvernance et des droits de l’homme. Le plan est assorti de programmes à court et à moyen terme de soutien aux victimes de la violence politique  sur les plans judiciaire, médical, social et économique. Pour son accomplissement, nous recommandons la création d’une commission mixte de parlementaires, de représentants de la société civile et de la diaspora pour la mobilisation des ressources et moyens pour traduire  en justice les coupables de crimes contre l’humanité envers les citoyens guinéens.

 

  • Pottal-Fii-Bhantal en appelle à toutes les organisations sociales à se joindre à cet appel en vue de faire de ces projets une réalité. La commission JUSTICE IN GUINEA est disponible pour communiquer toutes les informations de nature à favoriser des actions effectives contre l’impunité dans notre pays.  Pottal-Fi-Bhatal

 

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