Les Ethiopiens se pressaient aux urnes lundi pour une élection repoussée par deux fois et scrutée à l’étranger, sur fond de doutes sur sa crédibilité et de famine dans la région en guerre du Tigré (Nord).

Il s’agit du premier test électoral pour le Premier ministre Abiy Ahmed, 44 ans, qui avait promis à son arrivée au pouvoir en 2018 d’incarner un renouveau démocratique dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, rompant ainsi avec ses prédécesseurs.

Les files d’attentes devant les bureaux de vote étaient fournies, à Addis Abeba comme à Bahir Dar, capitale de la région Amhara (nord-ouest).

Plusieurs électeurs et responsables politiques interrogés par l’AFP ont salué un scrutin plus démocratique selon eux que les précédents, où la vie politique était sous la coupe de la coalition au pouvoir depuis 1991.

« Je vote parce que je veux voir mon pays se transformer. Cette élection est différente. On peut choisir entre différents partis politiques. Dans le passé, il n’y en avait qu’un », a déclaré à l’AFP Milyon Gebregziabher, 45 ans, employé dans une agence de voyages, à Addis Abeba.

M. Abiy, prix Nobel de la paix 2019, qui avait fait libérer des milliers de prisonniers et encouragé le retour d’opposants en exil, avait également promis que ces élections législatives et régionales seraient les plus démocratiques que l’Ethiopie ait jamais connues.

Berhanu Nega, un des principaux dirigeants d’opposition du pays, ancien prisonnier et exilé politique, s’est félicité de la participation « qui semble bonne ». « Espérons que cela finisse proprement », a-t-il toutefois mis en garde.

« J’espère que ça ne sera pas une élection du passé, que ce sera une élection qui détermine l’avenir, que ce pays emprunte une trajectoire totalement nouvelle », a-t-il ajouté.

– ‘Nouveau chapitre’ –

« En terme d’indépendance des institutions, de processus, d’accès des médias, nous pouvons dire que c’est bien mieux que les précédentes élections », a estimé Dessalegn Chanie, un des leaders du Mouvement national pour l’Amhara (NAMA), un parti d’opposition populaire dans la deuxième région la plus peuplée du pays.

Le Parti de la Prospérité, le mouvement d’Abiy Ahmed, qui compte le plus grand nombre de candidats pour le Parlement fédéral, est le grand favori pour remporter une majorité et former un gouvernement. Ces élections, à la fois législatives et régionales, mobilisent 40 partis et 9.500 candidats.

En Ethiopie, les députés élisent le Premier ministre, qui dirige le gouvernement, ainsi que le président, dont la position est honorifique. AFP

 

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