Lounseny-CamaraLe Ministre guinéen de la pêche et de l’aquaculture M. Lounsény Camara, a bouclé jeudi 12 février une mission de plusieurs jours à Washington.

 

En compagnie d’une forte délégation de son département, M. Camara était venu dans le cadre des négociations avec l’Association Internationale pour le Développement (AID) à l’issue desquelles il a obtenu un don de 10 millions de dollars destinés à appuyer le secteur de la pêche en Guinée.

 

Peu avant son départ, M. Camara a accordé un bref entretien à AlloConakry.

 

Lounsény Camara: L’objet de la mission portait sur les négociations pour le financement d’un montant de 10 millions de dollars relatif à un plan de développement élaboré par notre gouvernement.

 

Ce plan vise d’abord à renforcer les capacités de la Guinée en matière de lutte contre la pêche illicite. Il tient également en compte l’amélioration du traitement des produits halieutiques et leur commercialisation dans la sous région.

 

Les négociations que nous venons de mener avec l’AID avaient demarré en 2010. Elles avaient été suspendues pendant longtemps pour reprendre seulement en février 2014, juste un mois avant ma prise de fonction. Et depuis nous discutons avec l’Association Internationale pour le Développement, l’organisme donateur, à travers son représentant qui est la Banque Mondiale.

 

Au départ, nous avons négocié sur la base d’un crédit de 10 millions de dollars. Nous attendions 14 millions. Il nous avait été promis de rapatrier 4 millions de la Sierra Leone. Cela n’a pu être concrétisé. Mais nous esperons que d’ici la fin de 2015, nous allons pouvoir obtenir une rallonge de ce financement.

 

La bonne nouvelle qui découle des négociations que nous venons de conclure ici à Washington, est que, au lieu d’un crédit, l’AID a décidé de faire de ces 10 millions un don non remboursable pour les 5 années avenir. En cela, je voudrais bien noter la participation de notre mission diplomatique aux Etats-Unis dont le rôle de facilitateur a permis à mon équipe d’applanir les divergences de vues avec les partenaires de la Banque Mondiale.

 

Qu’allez vous faire de ce don?

 

Comme vous le savez, la Guinée est suspendue par l’Union européenne à cause du fait que nous ne remplissons pas toutes les normes réquises pour pouvoir exporter nos produits. Ce don va donc venir renforcer nos moyens sur le terrain pour que nous puissions aller vers les normes internationales.

 

La principale raison de la suspension qui pèse sur la Guinée résulte du fait que nous ne fournissions pas beaucoup d’efforts dans le cadre de la lutte contre la pêche illicite dans nos eaux territoriales. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. Sur les 9 notes de recommandations de l’Union européennes qui nous ont été transmises dans une note verbale le 27 mars 2014, il ne nous reste plus qu’une seule à satisfaire.

 

Laquelle?

 

C’est celle qui concerne la révision du code de la pêche. Nous avons déjà entamé cette procédure avec l’aide de l’Union européenne qui a mis un expert à notre disposition. La FAO également. Nous avons élaboré un avant projet de loi qui doit passer à l’Assemblée nationale avant d’être promulgué par le président de la République. La validation a déjà eu lieu avec l’ensemble des partenaires nationaux et internationaux. Dès que la loi est votée à l’Assemblée, la dernière recommendation aura donc été mise en oeuvre.

 

Quelles sont les moyens dont vous disposez actuellement pour lutter contre la pêche illicite?

 

Depuis janvier 2014, nous avons renforcé la législation en la matière. Il ya eu pas moins de 10 décrets signés par le président de la République pour renforcer l’arsenal législatif et règlementaire au niveau de la pêche illégale.

 

Nous disposons aujourd’hui des moyens de télécommunications par satellite qui donnent des informations, minute en minute, par rapport à tous les navires qui pêchent dans nos zones maritimes. Cela nous a permis de juillet à août 2014 de saisir 11 navires qui pêchaient illégalement dans nos zones. Nous avons également affrété un aéronef pour nous aider dans ce combat. Nous continuerons à renforcer ces mesures de surveillance pour que la mer guinéenne ne soit plus abandonée aux pêcheurs illégaux.

 

D’où venaient les navires arraisonnés, ont-ils été sanctionnés?

 

Une partie était consignée par des Guinéens. Le reste était des bateaux russes. Nous avons pu mettre la main sur eux et ils ont payé des amendes permettant de drainer vers le trésor public environ 12 milliards de FG.

 

Que fait le gouvernement pour renforcer la pêche artisanale?

 

FotobaLa première des choses – c’est d’avoir une flotille nationale qui peut nous permettre de nous passer des navires étrangers-. Cette flotille commence par la pêche artisanale avec ceux qui partiquent encore la pêche à partir des barques.

 

Dans ce cadre nous avons doublé, en moins de 4 ans, le nombre des barques qui sont aujourd’hui les premiers pourvoyeurs de produits halieutiques à la population. Parallèlement, l’Etat guinéen, à travers le budget national, cherche à déveloper des infrastructures en multipliant des débarcadaires, donnant des moteurs hors-bord, tout en assurant aussi la formation des pêcheurs dans le cadre de l’utilisation des outils modernes de pêche.

 

Propos recueillis par Alsény Ben Bangoura

 

AlloConakry