Dans son premier message aux délégués, elle a immédiatement appelé, lundi, à une remise en marche de cette institution dans la tourmente et en proie à l’inertie.
Ngozi Okonjo-Iweala vient de faire l’histoire à plus d’un titre. La Nigériane est devenue, lundi 15 février, la première femme et la première Africaine à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). A 66 ans, elle entre ainsi dans le cercle très restreint des femmes au pouvoir dans le monde. C’est un « moment historique », a résumé l’OMC, en précisant qu’elle prendrait ses fonctions en mars.

Deux fois ministre des Finances et cheffe de la diplomatie du Nigeria durant deux mois, Dr Okonjo-Iweala, également appelée par certains Dr Ngozi, a commencé sa carrière à la Banque mondiale en 1982, où elle a travaillé pendant 25 ans. En 2012, elle échoue à devenir la présidente de cette institution financière, face à l’Américano-Coréen Jim Yong Kim. Elue à la tête de l’OMC grâce à un large consensus, elle était la dernière candidate encore en lice et bénéficiait du soutien de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’appui des Etats-Unis.

« Félicitations à mon amie Ngozi Okonjo-Iweala, qui est devenue la première femme directrice générale de l’@omc. Je connais Ngozi depuis de nombreuses années. Sa forte volonté et sa détermination l’amèneront à promouvoir sans relâche le libre-échange au profit des populations du monde entier », a tweeté Christine Lagarde, première présidente de la BCE et ex-première patronne du FMI. A Bruxelles, Ursula von der Leyen, présidente de l’exécutif européen, a salué ce « moment historique pour le monde entier », se disant aussi « si heureuse de voir une femme d’Afrique à la tête de l’@OMC ».

Une institution dans la tourmente
Dans son premier message aux délégués par visioconférence, la nouvelle directrice de l’OMC a immédiatement appelé à une remise en marche de l’institution. « Notre organisation est confrontée à de nombreux défis, mais en travaillant ensemble, nous pouvons collectivement rendre l’OMC plus forte, plus agile et mieux adaptée aux réalités d’aujourd’hui », a-t-elle souligné.

Et pour cause, la pandémie a mis à nu les fractures provoquées par la libéralisation du commerce mondial, de la trop grande dépendance à des chaînes de production éparpillées aux excès de la délocalisation industrielle ou la fragilité des échanges commerciaux. A la mi-octobre, Ngozi Okonjo-Iweala avait indiqué vouloir se donner deux priorités pour montrer que l’OMC est indispensable : présenter à la prochaine Conférence ministérielle de l’organisation un accord sur les subventions à la pêche pour démontrer que l’OMC peut encore produire des avancées multilatérales ; et rebâtir l’organe de règlement des différends – le tribunal de l’OMC – qui a été torpillé par l’administration Trump.

Enfin, elle a récemment appelée l’OMC à se concentrer sur la pandémie, alors que les membres de l’organisation sont divisés à propos d’une exemption des droits de propriété intellectuelle sur les traitements et vaccins anti-Covid pour les rendre plus accessibles.

Nombreux espèrent que sa nomination mette fin à des années de blocages de cette institution quasi paralysée, qui n’arrive plus à remplir sa mission. « Elle prend les rênes en toute connaissance de cause, en sachant qu’elle a affaire à une machine qui est, si ce n’est bloquée… en proie à une forte inertie », a souligné auprès de l’AFP Elvire Fabry, responsable de la politique commerciale à l’Institut Jacques Delors. « D’accord, ce n’est pas une spécialiste du commerce », indique-t-elle, mais « la dimension plus politique de la nouvelle directrice générale devrait être intéressante ». AFP

 

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