souleymane-kolyAinsi, tu nous as quittés sans crier gare. La dernière fois que nous nous sommes entretenus, c’était en mai dernier à Paris, tu te plaignais du dos et allais à Montpellier pour faire ton check up médical qui, semble-t-il, n’avait rien révélé d’alarmant.

 

C’est te dire ma stupéfaction en apprenant la terrible nouvelle en ce fatidique vendredi 1er août; me sont alors revenus en mémoire quelques souvenirs partagés : d’abord notre Club – ainsi étaient dénommés à l’époque les groupes d’amis-,

 

«Les Cracks » et ses fameuses « surboums » tant à Conakry qu’à Nzérékoré, nos matchs de football contre l’équipe fédérale de Nzérékoré, les visites que nous nous rendions réciproquement et alternativement quand j’étais en fac de droit à Grenoble et toi en sociologie à Paris, nos vacances croisées avec nos familles respectives, toi à Genève quand j’y étais fonctionnaire des Nations Unies, et moi à Abidjan quand tu y étais Expert auprès du gouvernement ivoirien, et ensuite directeur de l’Ensemble Koteba d’Abidjan.

 

Cher Bob,

 

La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, nous avons discuté à nouveau de notre vieux projet de mettre sur pied un festival de danses et musiques traditionnelles de notre Forêt natale, festival qui se serait tenu chaque année dans notre chère capitale régionale, Nzérékoré. Voilà que tu es soudainement parti pour le grand voyage, rejoindre Laurent, André et le colonel Jean Claude. Du noyau dur de notre club « Les Cracks », ne restent plus qu’Eugène et moi.

 

Mon cher Bob,

 

Pour des raisons de santé, je n’ai malheureusement pas pu faire le déplacement de Paris à Conakry pour t’accompagner à ta dernière demeure. J’ai cependant suivi à la télévision guinéenne, l’hommage mille fois mérité que t’a rendu la nation tout entière. Je peux t’assurer que tes enfants ont été formidables de courage et de dignité dans cette dure épreuve.

 

Mapouly, qui a pris la parole en leur nom, a été admirable d’éloquence et de sincérité, en délivrant un message que tu n’aurais pas renié, à savoir la nécessité que la culture guinéenne fasse l’objet de plus d’attention et de soutien.

 

Sache que pour Eugène comme pour moi, tu n’es pas mort, tu dors. Cécile et les enfants se joignent à moi pour souhaiter que tu reposes en paix et que la terre de nos ancêtres, rendue plus friable par mes larmes quelque peu incongrues te soit plus légère.
Blaise Cherif  alias Zîngo,

ancien Ambassadeur de Guinée

aux Etats-Unis

 

AlloConakry