En Guinée, une nouvelle manifestation pour dénoncer le projet de 3ème mandat du président Alpha Condé et exiger la libération des prisonniers, a été réprimée ce jeudi à Conakry lorsque les forces de sécurité ont gazé le cortège et tiré à balle réelle sur des manifestants, tuant un jeune de 16 ans. Celui-ci, un élève du secondaire, a reçu une balle dans la poitrine à Hamdallaye, en haute banlieue de la capitale guinéenne. On dénombre également plusieurs blessés graves dont une journaliste et de nombreuses arrestations. Au moins cinq bus de société de transport public ont été calcinés.
Le leader de l’Union des forces républicaines Sidya Touré a déclaré à la presse qu’une grenade lacrymogène a été lancée en direction de son véhicule et celui de ses gardes rapprochés. Ce qui, a t-il indiqué, « repond à une nouvelle mission du nouveau ministre de la sécurité Albert Damantang Camara qui vise à m’agresser ou assassiner. »
« Nous continuerons à nous battre pour notre pays et ne permettrons jamais à Alpha Condé de s’installer au pouvoir pour la vie », a ajouté M. Touré en appelant aux forces vives du pays à se préparer pour de nouvelles manifestations.
Contacté par téléphone à Conakry, un responsable du ministère de la sécurité a rejeté la responsabilité de la violence sur les leaders du FNDC pour n’avoir pas suivi l’itinéraire autorisé par le gouvernement.
Selon cet itinéraire, la marche devait partir du rond-point de Gbessia Kondébounyi à Hamdanlaye, en passant par la transversale N1 au rond-point de Belle-Vue et devait se terminer au stade du 28 septembre. Le FNDC de son côté, voulait continuer la marche jusqu’au Palais du Peuple, ce à quoi le gouvernement est catégoriquement opposé depuis.
« Avec le grand nombre de manifestants que nous avons, je ne pense pas que le gouvernement va jamais accepter qu’on marche jusqu’au palais et au délà, comme le veulent certains de nos responsables. S’il l’accepte, cela serait la fin de règne pour Alpha Condé », a martelé M. Thierno Sadou Diallo, président du Mouvement pour la Réfondation de la République. Selon lui, le FNDC a besoin d’un plan et d’une stratégie pour ses manifestations.
« Il faut que le FNDC accepte de choisir un endroit précis pour toutes ses manifestations, à l’image par example de Tahrir Square en Egypte ou le QG de l’armée au Soudan. Avec une telle disposition, chacun sait où se rendre chaque jour ou chaque semaine pour manifester », at-il dit, en ajoutant que cela éviterait également d’exposer les militants à l’escadron de la mort qui serait mis en place par le régime.
« Les leaders du mouvement doivent être en mesure de sauver la vie de ces manifestants », a conclu M. Diallo.
« L’idée de choisir un endroit précis pour nos manifestations est bonne. Mais en ce qui concerne les morts d’hommes je pense que le problème se situe au niveau de l’encadrement. Tant que le gouvernement voit en ces manifestations une menace et non un droit les forces de l’ordre continueront à faire usage de la force, » a déclaré pour sa part Abdoulaye Amie Soumah, vice coordonnateur en charge de la communication au niveau du FNDC-Etats-Unis.
Selon le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo, plus de 120 jeunes guinéens ont perdu la vie dans des manifestations depuis l’arrivée au pouvoir de M. Alpha Condé en 2010. Les auteurs de ces tueries n’ont jamais été punis.
A Conakry ce jeudi, l’émissaire des Nations-unies pour l’Afrique de l’ouest Mohamed Ibn Chambas a déploré ces morts et condamné la violence. Il a rassuré le soutien de l’ONU au peuple de Guinée et demandé le respect de la liberté d’expression et de manifestation pour tous. Ben Bangoura
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