Si au Sénégal, depuis le magistère de Abdoulaye Wade (2000-2012), on a l’habitude de manifester son mécontentement avec des brassards rouges, en République de Guinée les protestataires, eux, étalent leurs humeurs en se coiffant d’un bonnet «Cabral». C’est ce que font notamment les opposants et les membres des organisations de la société, en vue de signifier leur rejet total d’un troisième mandat pour le président guinéen, Alpha Condé.
Aux termes de la Constitution, ce dernier au pouvoir depuis le 21 décembre 2010 est à un an de la fin de son deuxième et dernier mandat à la tête du pays.
Soupçonnant Alpha Condé de vouloir modifier la Loi fondamentale du pays pour rester au pouvoir, l’opposition guinéenne, regroupée au sein du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) a, dans un premier temps, organisé des manifestions publiques, mais devant l’interdiction de celles-ci, elle a choisi le port du bonnet « Cabral ». Pour donner plus de poids à cette coiffure, elle l’a affublée du nom de « A moulanfé » (ça n’aura pas lieu, en soussou une des langues nationales).
Selon le président du mouvement Sékoutouréisme et membre du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), Oumar Sylla, dit «Foniké Menguè», l’un des instigateurs du port du bonnet «Cabral», ce couvre-chef symbolise la lutte contre l’injustice dans toutes ses formes.
«Le bonnet du grand Amilcal Cabral est un symbole de la révolution, de lutte contre toute forme d’injustice et de confiscation des libertés», a-t-il insisté.
Fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), feu Amilcar Cabral est le héros de l’indépendance dans ces deux pays qui était sous domination portugaise. Avant son assassinat commandité par le colon en janvier 1973, il a mené une partie de la lutte pour l’indépendance, depuis la Guinée où l’avait accueilli le président Sékou Touré.
«Ce qui est important, insiste ce militant du principal parti de l’opposition guinéenne, c’est de le (bonnet) porter pour montrer son opposition à une modification de la Constitution en vue d’offrir un nouveau mandat à M. Alpha Condé».
Pour le porter comme le préconise Barry, il faut tout de même l’acheter et pour ce faire il faut casquer environ 10 000 francs guinéens (700 à 800 FCFA), en se rendant notamment dans les marchés de Conakry comme celui de Madina.
Mamadou Sow y dispose comme beaucoup d’autres commerçants d’une échoppe où on peut trouver des bonnets «Cabral» de toutes les couleurs. Toutefois, le samedi, journée traditionnellement réservée aux assemblées générales des partis politiques, Mamadou ferme boutique et va trouver sur place les militants pour leur proposer les bonnets du refus.
Ce samedi, le reporter de APA est tombé pile-poil sur le commerçant en train de se rendre aux réunions de l’UFDG, à l’UFR et du Pades où, dit-il avec beaucoup d’optimisme «je vais épuiser ma marchandise». Coiffé lui-même d’un bonnet « Cabral », il a à chaque main un sac rempli de couvre-chefs. APA
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