
Après la gigantesque manifestation du FNDC qui a paralysé la capitale Conakry et plusieurs villes de l’intérieur du pays, le Lundi 14 Octobre 2019, le président Alpha Condé a lancé un appel au dialogue à tous les acteurs politiques et sociaux, à travers un communiqué lu sur les antennes de la Radio Télévision Nationale. Mais cet appel sera-t-il entendu?
La question reste posée parce qu’il faut se demander si le FNDC est disposé maintenant à aller sur la table des négociations après cette éclatante victoire sur les défenseurs d’une nouvelle constitution pour un éventuel 3ème mandat d’Alpha Condé.
En effet, cette manifestation a été une véritable démonstration de force qui pourrait convaincre le FNDC de maintenir la pression pour pousser finalement le président guinéen à renoncer à son projet de réforme constitutionnelle. Eventuellement cette question viendra à l’ordre du jour quand les choses rentreront dans l’ordre.
Pour le moment, il y a le problème posé par l’arrestation du coordonnateur du FNDC, Mr. Abdourahmane Sano et de ses collègues. Beaucoup pensent et à juste titre d’ailleurs que cette arrestation était illégale et mal avisée. Elle a été faite dans le but d’intimider et de déjouer les plans des organisateurs. Le pouvoir comptait ainsi limiter la mobilisation en décourageant les manifestants.
Au vu de ce qui s’est passé ce Lundi 14 Octobre, le pouvoir à dû se rendre compte que le projet du 3ème mandat et les protestations qui en découlent dépassent largement la personnalité d’un seul individu ou d’un groupe de personnes. C’est tout le peuple qui a bougé et qui en a fait son affaire. Ce n’est donc pas un problème lié à l’agenda politique d’un quelconque leader, que ce soit Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré ou Abdourahmane Sano. A quoi cela a-t-il donc servi de mettre aux arrets ce dernier si ce n’était qu’une maladresse de trop qui a contribué à faire monter les enchères?
Le FNDC va-t-il répondre favorablement à cet appel du président Condé lorsque ces leaders croupissent en prison et qu’ils sont sur le point d’être jugés? Le communiqué du président ne devrait-il pas être suivi d’une libération sans conditions de Mr. Sano et de ses collègues
Tout cela conduit à une véritable crise de confiance entre les acteurs concernés. Surtout que les différents dialogues précédents n’ont jamais été ni respectés, ni appliqués par les représentants du pouvoir. De telle sorte que les élections communales organisées depuis Février 2018 n’ont pas encore atteint leur point de finalité. Pourquoi le FNDC devrait-il faire confiance au Ministre de l’Administration du territoire, le général Boureima Conde qui était chargé de parachever ces élections locales et faire respecter les conclusions du dialogue?
Surtout quand on sait que c’est le même homme qui a tenu un discours va-t’en guerre à la télévision nationale pour menacer les responsables du FNDC et les manifestants décides à faire entendre leur voix le Lundi 14 Octobre 2019!
Alors qui faut-il croire? Le ministre va-t’en guerre Boureima Condé qui a perdu toute crédibilité ou le président Alpha Condé qui appelle à un dialogue inclusif?
La responsabilité du manque de confiance entre les acteurs politiques ne peut être imputable qu’aux dirigeants guinéens. Ils ont donc beaucoup d’actes à poser pour pour remettre tous les partenaires en confiance. A commencer d’abord par la libération inconditionnelle du Coordonnateur Abdourahmane Sano et de ses collègues, et ensuite par une déclaration sans équivoque du président Alpha Condé dans laquelle il s’engagerait à ne pas briguer un troisième mandat. T. Sadou Diallo
AlloAfricaNews