Fodé Oumar Sylla dit Foniké Manguè, lors d'un meeting du Front national pour la défense de la constitution à Conakry.

Alors que le président Alpha Condé poursuit sa politique de repression contre les opposants à son projet de 3ème mandat en Guinée, l’un des principaux responsables du Front national pour la défense de la constitution, M. Fodé Oumar Sylla dit Foniké Manguè, a été arrêté ce vendredi 17 avril à son domicile à Conakry par des militaires qui portaient des cagoules. Puis il a été transporté vers une destination inconnue.

Son arrestation émaillée par la mort aujourd’hui du président de la CENI du pays, intervient alors que le chef de l’Etat guinéen venait de publier un décret convoquant la première session inaugurale de l’Assemblée nationale issue du double scrutin contesté du mois de mars dernier.

Boycotté par les principaux partis d’opposition, à savoir l’UFDG et l’UFR qui cumulaient 46% des sièges au parlement sortant, ce double scrutin a été marqué par des violences qui ont coûté la vie à une centaine de guinéens à travers le pays.

Selon les résultats publiés plus tard par la CENI, le RPG-arc-en-ciel a raflé 79 des 114 sièges à la nouvelle Assemblée. Une super majorité qui permettrait au dirigeant guinéen de passer toutes les lois organiques sans aucune opposition. Sous les directives de M. Alpha Condé, le reste des sièges a été reparti entre les petites formations politiques fantômes ayant accompagné le parti au pouvoir à ces elections.

A l’exception de la Russie et de la Chine, aucun pays n’a reconnu les résultats du double scrutin du 22 mars en Guinée. Un scrutin qui n’a par ailleurs été observé par aucune institution internationale crédible à cause de son caractère profondément antidémocratique.

De source proche du FNDC à Conakry, Foniké Manguè a été arrêté suite à une interview qu’il a accordée, la veille, à une radio locale et dans laquelle il a dénoncé les manoeuvres du dirigeant guinéen. Selon M. Foniké Manguè, Alpha Condé est en train de profiter du vide crée par la pandémie de COVID-19 qui endeuille la planète pour ses pousses constitutionnelles.

M. Condé, 84 ans et en état de santé fragile, doit quitter la présidence en décembre prochain après deux mandats à la tête du pays. Selon la constitution de 2010 -considérée par la majorité des guinéens comme la seule légitime loi fondamentale régissant les normes du pays, il n’est plus autorisé à briguer un autre mandat.

En attendant la reprise des manifestations contre son pouvoir dictatorial, une source proche du FNDC a indique à AlloAfricaNews vendredi que le mouvement continuait à s’appuyer sur les institutions internationales et sur les pays occidentaux, notamment la France et les Etats-Unis. Objectif?

Imposer des sanctions ciblées à Alpha Condé et à certains de ses comparses dont le ministre de la défense Mohamed Diané, le leader de la mouvance présidentielle à l’Assemblée nationale Amadou Damaro Camara, le 2ème vice gouverneur de la Banque centrale Baidy Aribot, le directeur de la Caisse nationale de sécurité sociale, Malick Sankon ainsi que le directeur national de la police Ansoumane Camara dit Bafoué, entre autres…

Outre leur participation active au pillage systématique de l’économie du pays, ces individus sont accusés de promouvoir la violence politique en encourageant le dirigeant guinéen à modifier la constitution afin de pérenniser leurs intérêts cupides au grand dam et à la colère de la population guinéenne.

« je pense que les lignes sont en train de bouger. Je peux vous assurer qu’il ya aujourd’hui un nombre important des partenaires du pays qui n’attendent que le ralentissement de la pandémie de COVID-19 pour agir », a déclaré cette source qui a réquis l’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à s’exprimer sur cette question. Alsény Ben Bangoura

 

AlloAfricaNews