Le président Biden a annoncé, ce jeudi 28 octobre, avant son départ pour l’Europe, les nouveaux contours de son plan de dépenses sociales et environnementales, présenté comme «historique», se disant également confiant d’obtenir le soutien du Parti démocrate.
«Après des mois de négociations difficiles et intenses, nous avons un accord-cadre qui, je crois, peut être adopté», a-t-il tweeté, avant de se rendre lui-même au Congrès. Pour rallier les centristes, il a notamment consenti à ramener le montant de son plan à 1 750 milliards de dollars sur une décennie, soit moitié moins que ce qu’il envisageait initialement.
À la gauche du parti, on semblait toutefois plus prudent : l’élue de New York à la Chambre des représentantsAlexandria Ocasio-Cortez et sa collègue de l’État de Washington, Pramila Jayapal, ont souligné qu’elles attendraient de voir le texte finalisé avant de s’engager à le voter.
Mais, «le président Biden est convaincu qu’il s’agit d’un cadre qui peut être adopté par les deux chambres du Congrès, et il a hâte de le signer», avait indiqué plus tôt la Maison-Blanche, qui espère un consensus après des mois de tensions autour du montant et des modalités de financement du plan «Build Back Better» (« reconstruire en mieux» en français).
Les États-Unis engagés dans la transition énergétique et la croissance
Un accord de principe permettrait ainsi au président américain de présenter à ses partenaires internationaux – en Italie pour le G20 puis à Glasgow (Écosse) pour la COP26 sur le climat –, l’image d’États-Unis engagés dans la transition énergétique et la croissance, ainsi que dans la lutte contre les inégalités sociales et l’évasion fiscale.
À l’adresse des participants de la COP26, la Maison-Blanche souligne, par exemple, que le plan «Build Back Better» contient «le plus grand effort [financier, NDLR] de lutte contre le changement climatique de l’histoire américaine», soit 555 milliards de dollars. C’est un investissement «unique […] dans l’histoire», qui cible les bâtiments, les transports, l’industrie, l’électricité, l’agriculture et l’eau, s’est-il félicité.
«Le cadre mettra les États-Unis sur la bonne voie pour atteindre leurs objectifs climatiques, en réalisant à l’horizon 2030 une réduction de 50 à 52 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 2005», a assuré le chef d’État américain.
Plus largement, cet accord représenterait une victoire politique majeure pour le président américain, qui a misé une partie de sa présidence sur l’adoption de plans d’investissements d’envergure pour réformer l’Amérique. «Tout le monde est sur la même longueur d’onde», a-t-il déclaré à son arrivée au Capitole, où il a rencontré les élus démocrates avant de revenir à la Maison-Blanche pour y prononcer un discours en fin de matinée (soit 11 h 30, heure locale).
Les États-Unis, mauvais élève parmi les pays développés?
La Maison-Blanche a par ailleurs souligné que Joe Biden a entendu «les commentaires de toutes les parties» et «négocié de bonne foi» avec les sénateurs centristes Joe Manchin et Kyrsten Sinema, dont les voix sont indispensables puisque la majorité démocrate au Sénat est si ténue qu’une seule voix dissonante équivaut à un veto. Ces deux sénateurs ont jusqu’alors fait obstruction, jugeant le montant trop élevé et s’opposant à la manière de le financer notamment par des hausses d’impôts sur les sociétés ou les ménages les plus aisés.
Joe Biden et son administration n’ont eu de cesse, eux, de mettre en avant l’importance de ces plans, arguant que les États-Unis sont en perte de compétitivité et font figure de mauvais élèves parmi les pays avancés, que ce soit en matière d’éducation, d’environnement ou de filet de sécurité sociale. La Maison-Blanche relève ainsi que ce plan permettrait «à la plupart des familles américaines d’économiser plus de la moitié de leurs dépenses de garde d’enfants» et «offrira[it] deux ans d’école maternelle gratuite pour chaque enfant de 3 et 4 ans».
Pour ce faire, la Maison-Blanche maintient que ce plan pourrait être financé par «les grandes entreprises rentables». Le projet de loi contient ainsi des mesures pour que ces entreprises «ne puissent pas réduire leur facture fiscale à zéro» et prévoit des dispositions pour que les millionnaires et milliardaires mettent davantage la main au pot.
En revanche, il n’intègre pas la taxe sur les super-riches présentée ce mercredi, qui supposait d’imposer les plus-values latentes des milliardaires, ces gains dormants dans les épais portefeuilles d’actions des grandes fortunes américaines. Outre «Build Back Better», le Congrès doit aussi valider un second plan de quelque 1 000 milliards de dollars destiné à moderniser les infrastructures du pays. AFP
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