Plusieurs fois reportées depuis 2010, les élections locales se sont finalement déroulées en Guinée le dimanche 4 février 2018. Selon les chiffres, près de 30 000 candidats étaient en lice pour les sièges de conseillers municipaux des 342 mairies du pays. A part quelques échauffourées ici et là, un calme serein a prévalu dans les bureaux de vote. De l’avis de nombreux observateurs, ceci serait du au manque d’engouement des électeurs, certainement blasés par une campagne morose et un manque de suspense dans l’attente des résultats. Peu de gens seraient donc allés voter mais une indication plus claire sera donnée par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) après son calcul du taux de participation.

Une campagne qui n’a pas répondu aux attentes des guinéens…

Pour ces élections dites de proximité, les électeurs devaient choisir entre les listes présentées par les grandes formations politiques et les listes indépendantes. Les deux principaux partis, le RPG Arc-en-ciel du professeur Alpha Condé et l’UFDG de Cellou Dalein Diallo ont présenté des candidats dans presque toutes les circonscriptions électorales du pays tandis que les autres ont préféré couvrir les zones qui leur étaient les plus favorables. Plusieurs candidats indépendants ont aussi tenté leurs chances en dirigeant des listes dans des endroits ou ils estiment être mieux placés pour supplanter les candidats des partis politiques.

Durant la campagne électorale, les guinéens se sont plaints que peu de candidats leur parlaient de leurs programmes ou de ceux qu’ils comptaient faire pour eux dans leurs communes. Certains candidats se sont simplement contentés de décliner le programme de leur parti au lieu d’adresser les besoins urgents des populations. « Pour qui devrais-je voter?», se sont interrogés des électeurs, « puisque personne ne m’a demandé de voter pour lui/elle ».

Une situation de fait qui a contribué à grossir les rangs des indécis.

Les candidats indépendants qui étaient supposés donner un souffle nouveau n’auraient pas, eux aussi, réussi à impressionner les électeurs. A tort ou à raison, les guinéens ont estimé que certains indépendants étaient en fait financés par les grands partis politiques. Pour s’en convaincre, ils montrent du doigt le fait que certains candidats indépendants ont appartenu à des partis politiques et avec lesquels ils ont tardivement sevré les liens. Dans de nombreux esprits, le doute s’était donc installé et les sorties triomphales du président Alpha Condé et du leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo pour soutenir leurs candidats, ont renforcé à leurs yeux l’idée de revivre une campagne présidentielle.

Des résultats faciles à prédire…

C’est un certain fatalisme qui règne au niveau des guinéens après la fermeture des bureaux de vote. Le dépouillement des votes est en cours mais les résultats définitifs ne seront connus que dans quelques jours. Cependant dans l’esprit de nombreux guinéens, il ne faut pas s’attendre à un bouleversement de l’échiquier politique. Certains s’amusent même à prédire les résultats par circonscription électorale. En général, on s’attend à ce que les principaux partis (RPG, UFDG et UFR) gagnent largement dans leurs fiefs électoraux, mais avec une prime pour le RPG arc-en-ciel qui de l’avis de certains, sortira grand vainqueur de ces élections. Déjà les partis politiques de l’opposition protestent le déroulement des élections et dénoncent le bourrage des urnes.

Pour les guinéens donc, le suspense ne sera pas au rendez-vous ! Beaucoup pensent que les résultats qui sortiront des urnes ne seront que sensiblement différents des résultats des précédents joutes électorales. A peine 2 ou 3 circonscriptions retiennent encore l’attention du public à cause de leur enjeu et des candidats en lice : il s’agit de la commune de Kaloum ou Aminata Touré, la fille de l’ancien président Sékou Touré, dirige une liste indépendante face au RPG-arc-en-ciel. Une éventuelle victoire de cette dernière marquera le retour de l’ancienne classe dirigeante dans le sérail politique et enverra une onde de choc à travers tout le pays. Il y a aussi la commune de Matoto, la plus grande et la plus diverse du pays, avec des candidats poids lourds. Le RPG arc-en-ciel a toujours considéré Matoto comme son bastion mais les autres formations politiques ne lui ont jamais concédé le terrain. Sur ces derniers fronts, la bataille sera donc rude.

Attendons donc de voir et nous serons définitivement fixés au lendemain de la proclamation des résultats.

Thierno Sadou Diallo
Consultant

AlloAfricaNews