Ce programme, mis en place par Donald Trump, prévoit que tout migrant, provenant d’un pays tiers et entrant aux Etats-Unis par le Mexique, attende l’issue de sa demande depuis le côté mexicain de la frontière.
Quelques mois après son entrée en fonction, le président américain, Joe Biden, est confronté à l’épineux sujet migratoire. Alors qu’en juillet un nombre «sans précédent» de migrants a tenté de rejoindre illégalement les Etats-Unis, la Cour suprême a déclaré, mardi 24 août, qu’une politique d’immigration contraignant les demandeurs d’asile à attendre au Mexique la date de leur convocation devait être rétablie.
Dans le cadre du programme «Rester au Mexique», instauré par l’ancien président Donald Trump, des dizaines de milliers de demandeurs d’asile non mexicains – pour la plupart originaires d’Amérique centrale – ont ainsi été renvoyés au-delà de la frontière mexicaine en attendant l’issue de leur demande. L’administration de M. Biden avait rapidement commencé à démanteler cette politique controversée, officiellement appelée «Protocoles de protection des migrants» (PPM), et demandé à la Cour suprême de suspendre le rétablissement du programme.
Mais dans une brève ordonnance non signée, la Haute Cour a déclaré que «la demande de sursis [était] rejetée». Le département de la sécurité intérieure (DHS) de M. Biden a dit regretter cette décision, ajoutant que «pendant que la procédure d’appel se poursuit, le DHS se conformera toutefois à l’ordonnance en toute bonne foi».
Plus de 200 000 migrants clandestins appréhendés
Les groupes de défense des droits des immigrants ont également protesté contre l’ordonnance de la Cour suprême. «La décision de la Scotus (Cour suprême) d’aujourd’hui, qui force le rétablissement de la politique du “Rester au Mexique”, n’est rien de moins que cruel», a déclaré Yael Schacher, avocat principal pour les Etats-Unis à Refugees International, ajoutant que «l’administration Biden ne doit pas considérer cette décision comme un mandat».
En juillet, plus de 200 000 migrants ont été appréhendés alors qu’ils tentaient d’entrer illégalement aux Etats-Unis par le Mexique, un nombre «sans précédent», ont alors estimé les autorités américaines. «Nous faisons face à un nombre sans précédent de migrants entre les points d’entrée de notre frontière sud», a ainsi affirmé le ministre étasunien de la sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas. La hausse du nombre d’expulsions pendant la pandémie liée au Covid-19 explique en partie cette forte augmentation, de nombreux migrants tentant à plusieurs reprises d’entrer aux Etats-Unis, détaillent les gardes-frontières dans un communiqué.
Face à cet afflux, les autorités américaines ont commencé à la fin juillet à renvoyer par avion des familles de migrants vers l’Amérique centrale, dans le cadre d’un système accéléré d’expulsion. Déjà utilisé à la fois par des gouvernements républicains et démocrates, il s’agit de l’une des seules politiques d’immigration conservée par l’administration Biden. Le DHS a fait savoir que les familles étaient renvoyées vers leurs pays d’origine – parmi lesquels le Guatemala, le Salvador et le Honduras – mais n’a pas fourni de détails quant au nombre de personnes expulsées. AFP
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