Donald Trump a annoncé jeudi que les Etats-Unis imposeraient la semaine prochaine des droits de douane de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium afin de défendre une industrie sidérurgique américaine « décimée par des décennies de commerce inéquitable ».
A l’issue d’une réunion à la Maison blanche avec des dirigeants du secteur, le président américain s’est engagé à « rebâtir les industries de l’acier et de l’aluminium » aux Etats-Unis.
Les opposants à cette initiative craignent au contraire qu’elle n’ait au bout du compte aucun effet sur l’emploi aux Etats-Unis et qu’elle déclenche une guerre commerciale avec la Chine.
L’annonce de Donald Trump a fait grimper les actions des entreprises du secteur sidérurgique à Wall Street, telles AK Steel, US Steel et Nucor, mais la Bourse de New York a globalement mal réagi en raison des inquiétudes sur un renchérissement des coûts pour le reste de l’industrie américaine, comme l’avionneur Boeing ou le secteur pétrolier par exemple.
Cette mesure a été décidée après ce qu’une personne ayant une connaissance directe des débats a qualifié de « nuit de chaos » à la Maison blanche, tant les responsables de l’administration ont régulièrement changé d’avis.
Elle a été rapidement critiquée jusque dans les rangs républicains.
« Chaque fois que vous faîtes une chose pareille, vous subissez des représailles. L’agriculture est la cible numéro un. Je pense que c’est terriblement contre-productif pour l’économie agricole », a réagi Pat Roberts, président de la commission de l’Agriculture au Sénat.
La Chine a déjà menacé de réduire ses importations de soja américain tandis que l’Union européenne a prévenu qu’elle réfléchirait elle aussi à des mesures en cas de droits de douane sur l’acier. Le représentant de la Chine sur les questions commerciales, Lui He, se trouve actuellement à Washington pour des entretiens.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a « vivement regretté » une « ingérence flagrante » qui vise, dit-il, à protéger l’industrie domestique américaine sans justification de sécurité nationale et a ajouté que l’UE réagirait avec fermeté.
Le Canada a jugé pour sa part que ces droits de douane seraient « inacceptables ».
L’administration Trump affirme que cette mesure répond à une promesse de campagne du président américain de défendre l’emploi aux Etats-Unis. Elle avance aussi des arguments de sécurité nationale en affirmant que les Etats-Unis doivent fabriquer leurs chars et leurs navires avec de l’acier américain.
La Chine ne représente que 2% des importations américaines d’acier mais l’essor massif de son secteur sidérurgique a provoqué une surabondance de l’offre mondiale et une baisse des cours.
Les tensions commerciales n’ont cessé de croître entre les Etats-Unis et la Chine depuis l’arrivée au pouvoir à Washington, début 2017, de Donald Trump, qui martèle sa volonté de s’attaquer aux déficits commerciaux américains en dénonçant les accords de libre-échange.
Trois quarts des emplois ont disparu entre 1962 et 2005 dans l’industrie sidérurgique américaine mais une étude réalisée par l’American Economic Association a conclu que cette évolution était essentiellement due au progrès technologique qui a permis de multiplier la productivité par cinq.
Econofact, un réseau d’universitaires indépendants, a abondé dans ce sens dans un document publié la semaine dernière: « Même si une protection commerciale conduit à une augmentation de la production intérieure, les gains en termes d’emplois pourraient être beaucoup moins importants que ce que beaucoup espèrent. »
Ces économistes soulignent en outre que deux millions d’emplois aux Etats-Unis se trouvent dans des secteurs consommant « de manière intensive » de l’acier, comme l’automobile, l’électroménager, le matériel agricole ou les équipements pétroliers. Reuters
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