Le 28 septembre 2009, des milliers de sympathisants de l’opposition s’étaient rassemblés dans le stade du même nom à Conakry pour demander le départ des militaires au pouvoir et l’organisation d’élections libres et transparentes, devant consacrer le retour de la Guinée à l’ordre constitutionnel.

Au cours de cette manifestation pacifique, les forces de sécurité fidèles à l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara ouvrirent le feu sur les manifestants, tuant quelque 160 personnes.

Des centaines d’autres furent bléssés, et de nombreuses femmes furent violées. Ces incidents constituent le pire massacre jamais pérpétré contre des Guinéens dans leur propre pays.

La communauté internationale, en solidarité avec le peuple de Guinée, condamna à l’unanimité ces actes de violence et ouvra, par une commission spéciale des Nations-Unies, des enquêtes en vue d’identifier, juger et punir les auteurs. La justice guinéenne qui, -depuis cherche à restaurer son rôle d’institution républicaine-, s’est également intéressée aux enquêtes.

Aprês plusieurs mois d’investigations, celle-ci vient de rendre public son premier résultat avec l’inculpation le 1er février dernier du Lieutenant-Colonel Moussa Tiégboro Camara pour son rôle dans le massacre.

Ce dernier fut ministre sous l’ex-chef de la junte militaire Moussa Dadis et il avait été mis en cause par le rapport de la commission d’enquête de l’ONU comme étant l’un des principaux responsables du massacre du 28 septembre 2009 à Conakry.

Paradoxalement, Moussa Tiégboro Camara est actuellement directeur de l’Agence nationale chargée de la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et le terrorisme, avec rang de ministre dans un gouvernement pourtant issu des urnes.

Sa nomination à ce poste en 2011, comme celle de plusieurs autres anciens ministres suspectés de crime économique et autres délits publics dans l’actuelle équipe gouvernementale, avait provoqué colère et indignation parmi de nombreux guinéens.

Poussant plus loin, certains se demandaient avec angoisse si le nouveau chef de l’Etat guinéen, le professeur Alpha Condé, était réellement soucieux des droits de l’homme de ses citoyens.

En attendant de voir clair, force est de reconnaitre que, pour avoir été inculpé pour crime contre l’humanité, Moussa Tiéboro Camara n’a plus sa place dans le gouvernement. Par consequent, il doit démissionner de ses fonctions officielles.

Quoi qu’il en soit, son inculpation représente pour les victimes, leurs familles respectives et toutes les bonnes consciences un pas en avant dans la bonne direction.

Nous félicitons et encourageons les autorités judiciaires guinéennes dans leurs efforts courageux d’identifier et de traduire en justice tous ceux qui de près ou de loin seraient associés au massacre odieux et inhumain du 28 septembre 2009, y compris l’ex-chef de la junte militaire Moussa Dadis Camara qui se trouve actuellement en exil au Burkina Fasso.

Dans le même ordre d’idée, nous demandons au gouvernement du professeur Alpha Condé de s’abstenir de toute intervention de nature à influencer les actions de la justice du pays.

A cause de la portée historique de leur crime, nous estimons qu’il est utile et nécéssaire de juger le capitaine Moussa Dadis Camara et ses comparses, conformément aux lois guinéennes. Ceci est dans l’intérêt supérieur de la Guinée.

Cet éditorial reflète le point de vue de la direction de Alloconakry.com et de Radio Kadidi Internationale.