Youssouf Bah ‘’Youyou’’ pour les intimes, chanteur du célèbre orchestre ‘’Le Bembeya Jazz national et international’’, professeur de Biologie au Collège 2 Donka, est décédé dimanche, 12 juillet 2015, à l’âge de 61 ans, suite à un arrêt cardiaque à son domicile au quartier Kountiyah dans la préfecture de Coyah.
Dès l’annonce de cette triste nouvelle, les téléphones n’ont cessé de crépiter pour vérifier l’authenticité de la nouvelle. Aussitôt, parents, amis et sympathisants se sont rendus à la maison mortuaire pour compatir à la douleur qui vient de plonger la famille dans la consternation. Du coup, un programme sera établi pour le déroulement des obsèques.
Chevalier de l’Ordre National de Mérite, titre qui lui a été décerné par le président de la République en reconnaissance des services rendus à la République de Guinée pour l’émancipation de la Culture et le développement de la musique guinéenne et africaine.
Le deuil populaire, c’est la mort d’un homme de talent, ce travailleur puissant et jamais fatigué. Il a vécu parmi les hommes de cette vie de bourrasque, de lutte, de querelles communes de tous les temps à tous les hommes, le voici en paix.
Très tôt le matin du lundi, 13 Juillet 2015, la salle Taïbou Diallo du Musée National de Sandervalia a été prise d’assaut par des parents, amis, collaborateurs et sympathisants, venus tous azimuts pour lui rendre un dernier hommage dû à son rang.
Plusieurs témoignages ont marqué cette journée, dont entre autres, celui de Famo Traoré, principal du Collège 2 Donka, qui a dit avoir connu le regretté Youssouf, depuis un an et gardera toujours de lui une image d’un bon conseiller de l’Education. Ses qualités pousseront le principal à lui dédier un poème pour son humanisme et les loyaux services rendus à la nation guinéenne, voire africaine.
Le maestro Jean Baptiste Williams (Jeannot), parle de son regretté élève : «ayant compris qu’il possédait des valeurs qu’il fallait développer, je lui ai emmené à aimer la musique. J’ai commencé à l’apprendre à jouer la guitare. Un jour, Aboubacar Demba Camara était de passage à vélo, j’ai demandé à Youssouf de reprendre un morceau du Bembeya. Une demande qu’il a acquiescée sans difficulté. Demba était surpris ce jour de voir Youssouf imiter cet orchestre.
Samedi, il m’a téléphoné pour faire un tour d’horizon des artistes et finalement, il m’a dit adieu, j’ai regardé la montre, il était 12 heures TU».
Par rapport à la spéculation autour du morceau Fissiriwali (l’ingrat en soussou), Jeannot cadre les spéculateurs : « ce morceau a été bel et bien préparé avec le regretté Youssouf ».
Sékou Le Gros, l’un des artistes qui a gouverné les premiers pas d’artiste du regretté Youssouf a témoigné : ‘’après 8 mois de deuil et de recherche suite au décès du fulgurant chanteur Aboubacar Demba Camara, on a trouvé Nagnan-Mory Kouyaté à Kankan.
Après le départ de Nagnan-Mory Kouyaté, le Bembeya était obligé de trouver un chanteur de haut standing pour maintenir le cap. C’est ainsi qu’il a posé le problème à l’autorité compétente, qui a d’ailleurs trouvé dans un laps de temps, l’oiseau rare en la personne de Youssouf Bah.
Il a fait 4 jours pour mémoriser le morceau « Le Regard sur le Passé », alors qu’il avait suffisamment de temps pour cet exercice. C’était un phénomène, une intelligence extraordinaire. En lui, vous avez trois chanteurs’’. Etranglé par l’émotion, Sékou Le Gros n’a pu continuer son témoignage.
Pour le préfet de Kankan, Aziz Diop, c’est un frère qu’il vient de perdre : ‘’c’est un grand-frère, nous habitions le même quartier à Madina. Vous avez constaté que je boîte sur un pied, c’est suite à un accident extrêmement grave avec le regretté Youssouf et ma femme. Je me suis exposé au danger pour pouvoir les sauver. A signaler que, son papa était un grand muezzin. Il n’est pas né artiste, c’est un don, c’est grâce au frère Jeannot qu’il l’est devenu. Pour terminer, je dirai que je suis venu pour dire au revoir à mon grand frère.’’
Le frère ainé du défunt, Cheick Amadou Bah, sous le poids de l’émotion a, au nom de la famille, remercié tous ceux de près ou de loin ont compati à leur douleur depuis l’annonce de la triste nouvelle.
Le ministre de la Culture et du Patrimoine Historique, Mohamed Amirou Conté, a fait observer une minute de silence, avant de fustiger le comportement de ceux qui font des témoignages démagogiques. Désormais, Youssouf Bah se repose auprès de ses devanciers au Cimetièredu Cameroun. AGP
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