ben-bangouraDéfiant les consignes du gouvernement guinéen, certaines localités continuent de faire preuve de réticence à l’égard des équipes anti-Ebola dans le pays. Des cas de réticence très regrettables ont été constatés au cours des dernières semaines à Doubréka Coyah et à Forecariah, en Basse Guinée.

 

On se souviendra pour longtemps du meurtre de huit des neuf membres de l’équipe anti-ebola comprenant des responsables administratifs et de santé ainsi que trois employés de médias – tués lors de violences survenues le 16 septembre dans le village de Womey, proche de N’Zérékoré, chef lieu de la Guinée forestière.

 

Ces personnes innocentes étaient venues pour sensibiliser les populations sur la nature exceptionnelle et délicate du virus ebola qui gagnait du terrain en milieu rural. Mais en vain!

 

Récemment, les autorités sanitaires du pays et les organisations humanitaires opérant sur le terrain en Guinée ont conclu que la réticence des population aux équipes anti-Ebola est désormais la raison principale de la propagation de cette maladie en Guinée.

 

Cette réticence, dit on, serait également à l’origine de l’échec qu’a essuyé le gouvernement en décembre dernier, un délai butoir qu’il avait fixé pour stopper complètement la propagation du virus maudit en arrivant au cas zero.

 

Mais après plusieurs semaines de campagne de sensibilisation emaillées d’incidents dans certaines localités, il apparait clair que le chef de l’Etat guinéen, qui avait jusque là privilégié cette méthode douce, est finalement monté au créneau. M. Alpha Condé a appelé ce week end la police et la gendarmerie à utiliser la force contre les réfractaires pour briser cette résistence qui n’a que trop duré.

 

«Il y a des personnes qui ne veulent pas que Ebola finisse, nous allons donc autoriser les autorités administratives à utiliser désormais les forces de la gendarmerie, et de la police pour que toute personne qui refuse que les médecins puissent soigner soit arrêtée… », a lancé le président.

 

Entendre qu’il ya « des personnes qui ne veulent pas que Ebola finisse » parait incroyable, mais vrai. En plus des paysans qui croient, par ignorance, qu’Ebola est une invention pour détruire leur tradition, il ya également des politiciens en mal d’émotion qui font preuve de mauvaise foi.

 

C’est dans ce contexte, probablement, qu’on peut expliquer l’attitude de l’opposition guinéenne qui continue, bon an mal an, d’appeler ses militants au rassemblement de masse, en dépit de l’interdiction formelle du gouvernement d’éviter ce genre de mouvement par crainte de propager la maladie au niveau des populations.

 

Mais alors pourquoi une telle défaillance de la part des leaders politiques guinéens au moment où le pays est confronté à une crise sanitaire la plus grave de son histoire? Est-ce un manque de respect pour l’autorité en place ou une manipulation?

 

Sinon en pareille circonstance de crise nationale, le consensus est de facto entre les classes politiques pour endiguer le fléau.

 

De toute évidence, force est de reconnaitre que le gouvernement guinéen, malgré ces quelques réticences, a fourni de gros efforts dans la lutte contre cette terrible maladie.

 

Outre la construction de nombreux centres de transit et de traitement à travers le pays, le gouvernement vient d’inaugurer un centre de recherche épidemiologique à Pastoria, dans la région administrative de Kindia. La transformation de la crise ebola en une opportunité pour développer le secteur de la santé dans le pays préoccupe sérieusement le gouvernement guinéen en vue d’éviter à l’avenir ce qui est arrivé avec la méconnaissance du virus ebola dans le pays.

 

Avec cette nouvelle décision d’utiliser les forces de l’ordre pour briser la réticence, il est possible que le programme zero ebola en 60 jours soit atteint.

 

Par ailleurs, il faut signaler le rôle leader joué par le chef de l’Etat guinéen en sa qualité de président en exercice de l’Union du Fleuve Mano, ce qui a permis de sensibiliser l’opinion publique internationale face à la crise.

 

La crise d’Ebola a stigmatisé la Guinée et freiné dangereusement l’élan dyanamique de son développement. Ebola est une maladie contagieuse et mortelle qui se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages et se propage ensuite au sein des populations par transmission interhumaine.

 

Elle est nuisible au progrès social et économique de tout pays. C’est conscient de cela que l’ONU l’a déclarée une menace à la paix et à la sécurité. Ce n’est donc pas une fiction, c’est une réalité qui doit être comprehensible de tout le monde. Vouloir l’interprêter autrement – c’est faire preuve d’idioties de mauvais goût.

 

Ben Bangoura est l’éditeur de AlloConakry et de Radio Kadidi Internationale.

 

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